Gondishapour

Ispahan à l’écran

Consacrer un événement cinématographique à Ispahan, ce n’est pas seulement proposer au public un nouveau décor de film, c’est surtout rendre justice à un des plus somptueux lieux de tournage du cinéma iranien, certes peu utilisé, mais dans la plupart des cas très bien manié, et au plus près de son âme.

Parce que les capitales, leur fébrilité, la variété des mondes qui y cohabitent, sont une source de fascination sans égal pour les cinéastes, Téhéran est rapidement devenue le cadre de la grande majorité des films iraniens. Qu’ils en soient originaires ou non, les réalisateurs ont pris l’habitude de considérer la capitale iranienne comme un studio à ciel ouvert, l’endroit, s’il en est, où poser sa caméra. Et quand ils n’y filmaient pas, c’était pour aller vers les provinces les plus rurales, vers l’Iran des villages. Toujours est-il que de Khatchikian à Farhadi, Téhéran s’est imposée comme le lieu du cinéma iranien par excellence.

Mais en se penchant un peu plus sur les meilleures filmographies, on s’aperçoit que d’autres villes, Shiraz, Abadan, Ahvaz ont aussi su se faire une place sur l’écran, plus discrète certes, mais bien réelle. Et parmi ces autres villes une, et non des moindres : Ispahan. Du reste, comment s’en étonner ? Il y a nécessairement beaucoup à filmer dans la « moitié du monde ». La mythologie qui s’attache à Ispahan, celle d’une Perse classique, presque rêvée, avec ses jardins, ses dômes, cet Iran intime a excité les imaginations de cinéastes iraniens comme étrangers. Siamak Yasemi a ainsi choisi l’ancienne capitale royale pour y tourner son Trésor de Qaroun, en 1965. Quelques années plus tard, au cours d’un voyage en Iran, Antonioni s’y arrête, en quête d’inspiration pour ce qui donnera – finalement ailleurs – Profession reporter. À la même période, Pasolini songe y tourner ses Mille et Une nuits.